mercredi 15 décembre 2010

Un jour parmi d'autres...


Oeuvre de Mourad Harbaoui, huile sur toile.
  Un lutin au caractère pernicieux dérobe mon temps : un jour de plus s’en va sans me laisser d’adresse. Chaque nuit je me livre à un exercice débile digne des grands demeurés : j’essaye de me rappeler  heure par  heure  la journée  qu’on vient de me prendre. Ma mémoire, touchée aux deux tiers par l’alcool, puis l’âge et l’insomnie ne me renseignent pas  correctement. Au meilleur des cas elle me renvoie des images ténébreusement floues. Je me vois le matin préparant mon habituel café. Blanc. Je suis dans la minuscule pièce qui constitue mon bureau  en train de griller quelques cigarettes. Blanc. Je claque la porte et m’engage dans la rue. Blanc. L’avertisseur assourdissant du train m’indique que je suis déjà à la gare. Blanc…Il n’y a pas de quoi pavoiser dans cette lugubre récapitulation, sauf peut être mon passage au bar habituel avant de rentrer chez moi.
La déception s’empare de moi. Je suis pour quelques instant cet enfant qui, le matin, ne retrouve pas ses billes  dans les mains et qui, pourtant, les avaient serrées entre ses doigts avant de s’endormir… C’est mon plongeon dans les abysses de la tristesse, mon coup d’œil limpide sur le fond noir de mon existence.
Bon nombre de femmes et d’hommes se seraient suicidés s’il n’y avait eu les comptoirs des bars et les guéridons des cafés. Lieux magiques, absorbeurs du mal de vivre, régulateurs des rythmes cardiaques. Ne sont-ils pas presque les seuls témoins des rires à gorge déployée, des blagues les plus drôles, des vers les plus vifs et des phrases les mieux faites  même au moment où les propos sont les plus décousus… Lorsque les verres s’entrechoquent  à la santé  d’un ami, d’un copain, d’une simple idée ... ces bruits là, ces  moments là s’incrustent  dans une mémoire  entamée et amoindrie. C’est une petite victoire sur l’agonie. 




dimanche 12 décembre 2010

Affaire de mots


Une oeuvre de Mourad Harbaoui, huile sur toile (Tunisie)


Les mots sautillent devant mes yeux comme des petites filles. Réchauffés par le soleil qui traverse les vitres du train de banlieue, ils accentuent leurs mouvements et se mettent à danser. Au rythme de l'acier qui chauffe en chuintant, ils commencent à composer des phrases. C'est la marche triomphante des mots.Seulement, ils ne sont pas là devant mes yeux par enchantement ou par une quelconque magie. Les mots font du racolage et se foutent comme des dieux de l'ordre public. S'ils sont là c'est parce qu'ils désirent fiévreusement être couchés sur quelque papier soit-il celui dans lequel on se soulage le nez. C'est une question de phéromone et d'attirance, enfin un acte d'amour. Les putes et les mots se ressemblent beaucoup à mes yeux. Lorsqu'elles se mettent à draguer, les filles, mettent les plus belles fringues et font appel à leur sourire de jeunes innocentes et sans défense. Les mots, eux, hurlent de beauté à vous rendre sourds. Etant donné que j'ai sous loué l'étage inférieur de mon âme au vice et à ses acolytes, je cède facilement à la beauté et au racolage savamment orchestré. Je mets,donc, le clignotant à droite et m’arrête pour cueillir les mots aux corps divins. La beauté pose souvent des problèmes. Elle a toujours dans ses valises un peu d'arrogance, un peu de la mule têtue et enfin tout l'attirail qui cause des ennuis sur la voie publique. Lorsque les mots se rendent compte qu'ils ont de l'influence sur quelqu'un ce dernier ne jouira jamais plus du silence.C'est une lourde machine qui une fois ébranlée ne cessera de produire du vocabulaire, de la grammaire et de la conjugaison que par la mort. L'usure des pièces ne l’arrêtera point, grincera-t-elle  l'age viendra la graisser ?!



jeudi 24 juin 2010

Le temps



Les hommes, sans le savoir, ressemblent à des tas de planches de bois plantées dans un décor absurde et irréel formant une cabane. Ils passent leurs vies à subir stoïquement comme des ascètes la pluie, le froid, le feu du soleil, le vent…. sous les yeux du temps, malin et invisible spectateur qui s’amuse de leurs petits jeux futiles et éphémères.

mercredi 23 juin 2010

Noir et blanc

Photo de Dave Rubin


La nuit se répand avec violence sur ses jours …De grossières taches noires se mettent à dessiner , en toute liberté, ça et là sur sa toile des motifs inintelligibles …Tel un buvard tout neuf il boit jusqu'à la lie l’encre des jours qu’il n’a jamais choisis. Parfois il éprouve le sentiment que seul un grand plongeon dans le vide pourrait le laver de ce sang qui le noircit .

samedi 5 juin 2010

Sans titre


Huile sur toile,dim:100*75
par Sahbene Inoubli

samedi 1 mai 2010

لونيفار





لونيفار

...مقهى حانة المفكّرين الصّغار

والمثقّفين الكبار

...وما تبقّى من شظايا اليسار

:الكلّ يقول أنا

فنّان

صحفي

كاتب

...رسّام

...ممتازٌ في عهد الإمتياز

...تعبثُ الجعّةُ بالرّؤوس

تتعالى الأصواتُ

...وتتعانق الكؤوس

...في ضوضاء فقرات مخمورة

...تُلقي وتتلقّى الدّروس

لونيفار

مقهى حانة المثقّف

"والباحثُ عن" الُمرشانة

والذي يتضوّر جوعا

..."يريدُ عشاءًفي مطعم "المزار

لونيفار

مائةُ ألف قدم وراء السّتار

جعّة ،دخان ودوار

ونسيانٌ لساعات الفقر والقفر

...وبحثا عن شيء من الإخضرار