
C'est probablement une maladie; j'en aurai le coeur net un jour. En présence des livres je me sens tout petit; je redeviens écolier. Je comprends maintenant pourquoi les gens qui veulent se donner de l'importance se font filmer ou photographier avec une bibliothèque pleine de bouquins dérrière eux. C'est magique, on sent immédiatement qu'on est en présence de quelque génie qui impose respect et silence.
Bref, là ou il y a des livres je m'arrete tel un enfant à DAH DAH lorsqu'il aperçoit le vendeur de barbe à papa. C'est une faiblesse. A la rue Eddabbaghine à tunis tous les bouquinistes me connaissent. Ils me laissent fouiller et ne font pas attention à moi. Ils pensent tous que je suis "oustadh" professeur. En réalité je ne le suis pas et le serai jamais. Lors de mon dernier passage j'ai déniché une pépite d'or. Un petit recueil de poésie de MOENIS C. Taha- Hussein. Il s'intitule: MIDI LE JUSTE, et contient 43 sonnets absolument fabuleux. L'ouvrage est broché tiré sur papier velin et numéroté de 1 à 500. Le recueil que je mis dans mon cartable portait le numéro 410. Une rareté!
Voilà pour ceux qui aiment les mots bien faits une petite pépite:
PRELUDE
J'ai vécu d'un passé sans aucune importance
Prenant racine sur les mots habituels
Qu'on répétait autour de moi comme le ciel
Répète le soleil et l'étoile qui danse
Et je me suis nourri de mille souvenances
A faire mon âme un jardin conventuel
Du sable j'ai bâti mes châteaux rituels
Ils se sont écroulés à mon premier Je pense
Restent les débris beaux qu'il faudra balayer
Qu'on les emporte loin afin que je ne sache
Raccommoder ni plus avant-hier ni plus hier
J'éprouve un tel plaisir à me connaitre lâche
J'ai vendu mon passé pour n'en point toucher l'or
Avenir s'il te plait change-moi ce décor
1945
Moenis C. Taha-Hussein
Tiré de : MIDI LE JUSTE Sonnets , EDITIONS AL-MAAREF 1954
peut etre tu souffres de la "bibliophilie" !
RépondreSupprimermon père l'a attrapée, et maintenant il collectionne les differents versions du même titre ...
quand il en prend un dans ses mains, il me decrit l'objet avant tout : livre 'racé' , arraché à tel prix , eu par tel hasard , acheté d'un bouquiniste qui l'aurait volé ou extirpé de la biobliothèque de tel ou tel personnage...
enfin je suis rassuré car il les lit à un rythme effrené
au plaisir de lire tes billets
J'espère que c'est une maladie contagieuse!
RépondreSupprimerJe présente les mêmes symptômes ce qui me laisse croire que j'ai chopé le virus "incurable" des livres.
RépondreSupprimerEn plus, j'y étais à la rue edabaghin il y a deux jours...J'adore flâner entre les livres à la recherche de la perle rare.
Je dois avoir la même maladie alors!!!!!
RépondreSupprimerdouce maladie ... merci de nous faire découvrir des "morceaux choisis" de Taha Hussein ...
RépondreSupprimerbonne journée, Romdanek mabrouk, et une question, dans quel quartier se trouve la rue eddabaghin ?
Bonjour,
RépondreSupprimerLa rue Eddabbaghin est en plein centre ville de Tunis,à proximité de l'avenue Habib Bourguiba, la rue de Rome, et la place de la monnaie.
A bientôt!
Je viens de lire un article qui m'a fait penser à votre billet et qui conforte ce que vous venez de relater http://passouline.blog.lemonde.fr/2009/06/22/les-bookaholics-ne-sont-plus-anonymes/
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