
Je ne vois plus très bien. Excepté me prescrire de nouveaux verres de lunettes, l’ophtalmologue ne peut plus rien pour moi. Il est désormais impossible que je puisse revoir les choses comme auparavant. Les rues sont devenues plus sombres qu’avant, les gens de plus en plus flous. Tout ce que je réussis encore à voir correctement sont mes cigarettes, mon briquet, mes livres, mes disques, ma femme et mes enfants. Comme les aveugles, j’ai compris qu’il n’est qu’une question d’habitude et de mémorisation des coins et des emplacements. Croyant que j’étais contrarié par son diagnostic, le médecin, en pinçant ses lèvres, me dit qu’il comprend bien ce que je ressens mais que ce n’est pas grave. C’est l’effet de l’âge me dit-il en feignant un petit sourire. Il pensait sans doute que ça me gênait de ne plus voir correctement. Le pauvre il ne sait pas que ça ne me dérangeait pas outre mesure. Oui bien sur parce qu’il me reste mon cœur, immense télescope automatique qui me permet de voir tout ce qui me plait et que j’aime sous le meilleur jour. A ma sortie de chez l’ophtalmo, je fus surpris par l’éclatante beauté du ciel avec le Dieu soleil brillant au zénith. Dans les rues je remarquai que mes yeux voyaient parfaitement, seulement elles ne voyaient et zoomaient que ce qui leur plaisait. En m’arrêtant devant le fleuriste pour faire une provision de couleurs et de beauté je compris que j’aurais du aller plutôt chez un psychiatre.
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RépondreSupprimerBien dit : on voit ce qu'on veut réellement voir comme on veut le voir !!!
RépondreSupprimerj'aime ton billet
RépondreSupprimerJe me joins au concert : j'aime aussi
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