
Un jour, pendant que je discutais avec mon ami le bouquiniste de la rue d’Angleterre, un homme entra avec une valise à la main. Il avait entre quarante et quarante cinq ans. Elégant, bien propre et fraichement rasé. Il avait l’air d’un professeur ou d’un homme travaillant dans le secteur de la culture. Il salua poliment.
- Que puis-je pour vous lui demanda le libraire ?
-J’ai dans cette valise des livres que je souhaite vendre monsieur, répondit-il d’une voix à peine audible. Celle d’un timide ou de quelqu’un dans l’embarras.
Le bouquiniste me regarda du coin de l’œil sachant très bien mon engouement et ma passion pour les livres.
-Oui monsieur, je suis là pour vendre et acheter, pouvez-vous me montrer ce que vous voulez vendre ?
L’homme ouvrit sa valise et commença par sortir les livres par dizaine, par douzaine et les entassa les uns sur les autres sur le comptoir. Ils étaient légèrement poussiéreux, mais en très bon état, et desquels se dégageait l'énivrante odeur des vieux livres. Je regardais mon ami bouquiniste et observais sur son visage le subtil regard du commerçant à la fois content, surpris et désabusé. Au bout de quelques minutes le comptoir était plein de livres, à peu près deux cent. Du coté ou j’étais je pouvais lire les titres et les noms des auteurs. La plupart étaient en langue française. Il y avait presque tous les classiques : Dumas, Hugo, Zola, Stendhal, Balzac, Flaubert, Daudet, Baudelaire, Rimbaud, De Vigny, Musset…
Connaissant bien mon ami le bouquiniste de longue date et ayant une idée sur le prix qu’il allait lui proposer, je pris congé et sortis. Je ne voulais absolument pas connaitre le montant de la « transaction ». En buvant un café noir et en fumant une cigarette dans le café en face de la bouquinerie, je n’ai pas cessé de penser à l’homme et à sa valise pleine de livres.
Dans quel pétrin la vie l’a poussé pour qu’il soit contraint à se séparer d’une aussi belle collection de livres ? Je brulais d’envie de l’attendre sortir et de lui poser la question. Finalement, je me retins et me dis qu’il avait surement ses raisons. L’élégance, la propreté, la bonhomie, la culture ne mettent personne à l’abri du besoin.
'ali'mentaire, mon cher watson...
RépondreSupprimeroui c'est bien dommage qu'un home soit contraint de vendre ses livres pour se nourrir ou nourrir ses enfants; mais c'est la foutue époque dans laquelle nous vivons qui le veut!!!
@coeos: oui c'est vraiment regrettable.
RépondreSupprimerVendre ses livres vaudrait-il mieux que de vendre son âme à mon gout...
RépondreSupprimerpaix:
Xibilius®
Je n'imaginais pas que s'était possible de vendre ses livres ... mais la vie est parfois trop cruelle !!!
RépondreSupprimerC'était peut-être un nouveau départ. J'ai fait cette démarche lorsque je suis partie m'installer en Tunisie. Il y a des livres, des films que l'on conserve et que l'on n'ouvre plus jamais une fois vus ou lus. Il reste comme des objets décoratifs dans une bibliothèque, un cimetière. Autant en faire profiter d'autres qui pourront se les acheter à moindre coût ou les donner.
RépondreSupprimer@Mad Djerba: j'apprécie ton point de vue assez réaliste et concret!
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