
Il est six heures du soir. Il y a déjà une heure que j’ai quitté mon bureau. Je marche lentement le long de la rue Jamel Abdennaceur vers l’avenue Habib Bourguiba. La rue est bondée par les passants, les vendeurs à la sauvette, les colporteurs et les cireurs de chaussures. Quelques passants s’arrêtent de temps en temps devant les vitrines des chaussures et des vêtements pour enfants. A ma droite la majestueuse ambassade de France. Un peu plus loin je suis bloqué par une foule de dames et de jeunes filles qui viennent de faire leurs emplettes au Monoprix. Elles s’arrêtent pour acheter des « kakis ». Je suis obligé de changer de trottoir. Je tourne à droite et je me retrouve sur la belle Avenue Habib Bourguiba éclatante de lumière. Ses beaux réverbères diffusent une très belle lumière orange qui fait chaud au cœur. Comme chaque jour elle accueille des milliers de personnes qui viennent s’y promener sous les ficus ou prendre place aux terrasses de ses splendides cafés et restaurants. Je passe devant la porte principale de l’Ambassade de France. Très belle demeure. Une forteresse robuste et inviolable. Je continue mon chemin. Je traverse la rue de Hollande et me retrouve en face du théâtre municipal. Une bande d’étudiants occupe les marches en se livrant aux jeux et attouchements de leur âge. Un peu plus loin se situe le café du palmarium. Des jeunes et moins jeunes dégustent des cafés, des glaces et des crêpes toutes chaudes. Je traverse la rue de Carthage, ancienne rue d’Italie, et je me retrouve en face du célèbre café de Paris. A l’intérieur comme à l’extérieur toutes les tables sont occupées. Je plonge mon regard à travers les vitres à la recherche de quelqu’un de mes connaissances. Je ne vois que des inconnus. Avant de continuer ma route je jette un coup d’œil furtif à la table qu'occupait mon père avec ses amis avant mars 1979. J’ai un petit pincement au cœur. Mais je me dis que c’est la vie… Je continue lentement ma marche sur ce flanc droit de la plus belle avenue de Tunisie. Je traverse la rue Ibn Khaldoun. Je m’arrête devant un petit kiosque à journaux. Je parcours des yeux quelques titres en arabe et en français et j’achète un paquet de cigarettes. Quelques pas plus loin je me retrouve devant ce très vieux et célèbre café-bar le Rossini Palace, sa baie vitrée m’offre la possibilité de regarder à l’intérieur. Mes yeux rencontrent celles de quelques amis debout devant le comptoir. D’un geste de la main ils m’appellent à entrer. Je vais à leur rencontre. Ils m'offrent une bière. Je salue le propriétaire du café, Am Taher, un homme exceptionnellement « jeune » parce que personne ne lui connait un âge exact. Toujours très élégant dans son costume sombre. Il est capable de tenir une discussion sur toutes les étapes de l’histoire de Tunisie du début du siècle dernier. Certains disent qu’il a quatre vingt dix ans, d’autres un peu plus. Il y en a même qui disent qu’il a cent ans. Un sourire indéchiffrable ne quitte jamais ses lèvres. Il est à la fois aimé et craint par ses nombreux clients qui viennent se détendre le soir en prenant quelques bières, quelques pastis ou quelques huitièmes de Boukha. C’est un « monument » disent les gens qui le connaissent bien.
C'est ma note sur les immeubles tunisois qui t'as inspiré cette note?
RépondreSupprimerJe crois que l'ancienne rue d'Italie est l'actuelle rue charles de gaulle.
Je ne connaissais pas votre espace mais en lisant la note de Massir sur "les immeubles tunisois" j'ai fait un petit tour chez vous!
RépondreSupprimerune petite remarque s'impose:
l'ancienne rue d'Italie est effectivement l'actuelle rue Charles De Gaulle
Par contre, l'actuelle rue d'Italie est une artère perpendiculaire à l'avenue de carthage qui , à ma connaissance , a toujours porté cette appéllation - voir ancienne photos sur
http://www.espace-entrtemps.net/site%20web/test%203/RUE%20DE%20TUNIS.htm#carte4
et voir sur plan de la ville de Tunis, niveau avenue de carthage et alentours!
http://maps.google.fr/maps?hl=fr&source=hp&q=plan+avenue+de+carthage+%C3%A0+tunis&lr=lang_fr&rlz=1W1SKPB_fr&um=1&ie=UTF-8&hq=&hnear=Avenue+De+Carthage,+Tuni
Un passage de votre note me rappelle les souvenirs de Hatem Bourial qui écrit dans "moi aussi je me souviens" - 2006
;;;" je me souviens des cafés de Tunis : Brasilia, Tunis Club,le Maghreb, La Rotonde...
Je me souviens des bars de Tunis / chez Paul, Don Camillo, Cléopâtre, Chantilly, Marignan, Coq d'Or, Chez Max....
(il n'a peut être pas cité "l'Univers "- café bar- frequenté surtout par les journalistes de la ^place -
ZAHRATEN