
Gabriel Metsu (le vieux buveur)
Je ne sais pas raconter les moments heureux. Les mots sont chez moi tributaires d’un état d’âme assez particulier. Je dois être à mi-chemin entre une mélancolie et une tristesse aigue pour que ma plume daigne tracer ces formes conventionnelles qu’on appelle les mots. Je n’ai pas besoin de médicament quand je suis bien portant. En revanche je dois impérativement me concocter une solution maison pour sortir de la léthargie de la gueule de bois. Oui, il m’arrive souvent d’avoir la gueule de bois. Je l’ai cette affreuse et douloureuse gueule de bois même sans avoir touché à l’alcool. Je m’en rends compte lorsque je regarde ma tête le matin dans la glace de la salle de bain. Une gueule terrible. Une tête de déterré. Je prends conscience à ces moments là que je dois cesser de boire ce sale temps frelaté. Mais ce sale temps pourri s’accroche à moi et je dois respirer cet air sulfurisé qui s’en dégage. Fuir… J’adore ce verbe. Je le trouve magiquement rapide. Il doit avoir une parenté avec le vent ou avec une arme à feu... Alors pour faire comme les oiseaux, pour voler un peu, danser, jouir de quelques instants de" liberté" , j’écris. Je n’ai nullement besoin de plan, ni d’un sujet particulier. Je n’ai qu’à ouvrir le robinet. Je n’ai pas besoin de décrire la couleur de l’eau qui sort d’un robinet fermé depuis des années. Il faudrait peut être qu’elle coule pendant des jours pour que cette eau redevienne diaphane.
J'aime la filliation faite à ce mot fuir. Et j'aime ce texte tout court
RépondreSupprimerJe comprends maintenant quand tu me dis: écrire est une délivrance.
RépondreSupprimerEcrire sans reflechir d'un trait dans un etat second. c'est la seul et unique manierede liberer sa pensée. La reflexion inhibe, le recul farde la pensée car depuis longtemps on nous a apris a nous cacher, a nous montrer sous notre meilleur jour.
RépondreSupprimer@ anonyme: je suis tout à fait d'accord avec vous,seulement je trouve que cet exercice nécessite un très grand courage et un environnement capable d'accepter le résultat d'une écriture libre débridée et sans fard.
RépondreSupprimerMerci pour le passage!