mercredi 25 novembre 2009

Les mots tragiques


Artaud (autoportrait)

Lâcher la bride des mots. Regarder et suivre le mouvement de l’alphabet prendre forme sous les touches du clavier. Taper sur les lettres… ne point regarder l’écran, ni la forme des phrases…Faire abstraction de la ponctuation…Ecrire pour parler…. Parler, parler, parler … Donner libre cours au délire … Parler de n’importe quoi et n’importe comment. Raconter des histoires. Mais quelles sont ces histoires qui méritent d’être racontées ? Ce sont les histoires tristes qui retiennent l’attention et réussissent à émouvoir, oui tristes …très tristes parfois… Même les quelques digressions pour inclure une note plus ou moins gaie passent généralement inaperçues par le lecteur. Son attention ne retient que le drame. La mort, le tragique et la peur sont des éléments essentiels pour capter l’attention. Les gens ne lisent pas les histoires drôles et gaies …Ils n’aiment pas lire des histoires de bonheur…Ils aiment les drames, les tragédies et le sang qui coule…La littérature serait "triste" si elle prenait le bonheur pour objet…Parce que qui croit encore au bonheur dans ce monde ? Personne ! Sauf quelques petites filles taxées de demeurées qui se font arnaquer par des pseudos scribouillards illusionnistes de romans à l’eau de rose sur du papier à deux sous. Ecrire pour parler de tout et de rien…L’essentiel qu’il y ait de la déception, du désappointement…L’écriture s’accommode tellement bien des rendez-vous manqués et des paroles non tenues… Elle adore les trahisons et les coups de couteau dans le dos…
Lâcher la bride des mots et voir où ils peuvent mener. Laisser couler l’encre,  elle  tracera les contours de la misère et de la pauvreté et  indiquera l’endroit et la demeure des offensés et des humiliés…Hugo a du puiser dans tous les mots tristes, lugubres, sinistres et sombres du Larousse pour décrire ses célèbres et tristes misérables.

10 commentaires:

  1. Tu m'en cloues un bec tellement c'est bien écrit! c'est de l'écriture automatique? (c'est ce que je présume mais je peux me tromper.Sinon, penses-tu que reellement que la beauté d'un texte ne peut pas être seulment formelle? esthétique? quelque soit le sujet traité.

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  2. @Coeos: il faut se détendre un peu, prendre du recul vis à vis du bagage académique qui parfois risque d'être néfaste pour la liberté de la plume!

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  3. parcequ'elle ne me semble pas relative à l'idée du billet :) dois je comprendre ta réponse comme ça: "respire! j'ai juste écrit un petit texte, rien de plus, je vais pas me taper une dissertation sur la nature et le but de l'art en plus!" ou est ce juste que je n'ai pas saisi un truc dans ce que tu veux dire?? même dans le premier cas,ça ne me pose aucun problème et je comprendrai tout à fait!vraiment!
    Amitiés.

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  4. Cher Sleemane,

    Là je ne suis pas d'accord. Du tout du tout du tout (sourire). Si les histoires heureuses n'intéressent presque plus personne, c'est essentiellement parce que les gens détestent voir les autres heureux. Si écrire sur le bonheur est impossible (comme le disait si bien Montherlant), écrire DANS le bonheur est, lui, possible (et, avouez-le, vous n'écririez pas si ces mots ne vous causaient quelque bonheur). Or, l'écriture heureuse est contagieuse...

    Bonne soirée, et ne vous laissez pas détourner du bonheur par quelques névrosés jaloux (sourire).

    Bien amicalement,

    Gilles Monplaisir

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  5. Cher Coeos, je pense que tu es d'une nature assez sérieuse et rigoureuse. Ces deux qualités se font sentir amplement à travers tes belles dissertations.Je ne peux que respecter cette manière de voir les choses. Seulement je veux te dire que des textes "secs" j'en ai lu des centaines, sinon plus.Ils sont pratiquement tous élaborés de la même manière et ne contiennent aucune recherche du coté du style et de l'orthographe. Cela se comprend parfaitement parce que leurs auteurs cherchent avant toute chose de faire parvenir au lecteur une idée claire. Descartes disait qu'"une idée claire s'énonce clairement". Il avait raison. Les sciences humaines, le droit et la philosophie s'intéressent uniquement à l'idée avec des mots la plupart du temps simples. Montesquie,Hegel,kant, Rousseau, weber Max, Gaston Bachelard, Montaigne, Descartes...dans leurs ouvrages didactiques cherchent à être clairs dans leurs développements pour que le lecteur puisse accéder au texte et se familiariser avec. En revanche ce n'est pas le même cas pour les auteurs et les hommes de lettres. Ceux la sont plus concrets. Ils cherchent à véhiculer leurs messages à travers les plus belles phrases possibles. D'ailleurs c'est l'une des définition de la littérature. Faire que le texte soit beau même si l'idée est quelconque ou ennuyeuse. C'est le style. Et "le style est l'homme". C'est en quelque sorte sa carte d'identité littéraire. Marcel proust par exemple a charmé un très large public grâce à son style inimitable bien que le fond de son oeuvre est on ne peut plus simpliste: ressasser des souvenirs d'enfance. Dans le langage littéraire on peut s'octroyer une certaine liberté avec le texte. On peut faire de la langue ce qu'on veut. Donc contrairement au texte académique des sciences humaines qui sont "secs" les textes de littérature sont "gras". On y plonge et on ne relève plus la tete. On est dans le domaine de l'humaine ment concret bien qu'on soit dans le rêve et l'imaginaire de l'auteur la plus part du temps. On ne lit pas de la même manière "les nourritures terrestres "de Gide comme on lit "l'esprit des lois" de Montesquieu où il est question de philosophie de droit et de la base de la séparation des pouvoirs. On ne lit pas non plus le "Prince" de Machiavel comme on lit Madame Bovary de Flaubert. De mon coté je lis un peu de tout mais j'ai une préférence pour le texte littéraire duquel je me sens plus proche de par son esthétique et aussi pour sa capacité de toucher mes cordes sensibles.
    J'espère cher Coeos avoir répondu à ta question.
    Amitiés,
    Sleemane

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  6. @Gilles Monplaisir: "Un homme à qui la vie n'a rien fait ne peut pas être attachant parce qu'il n'a pas d'histoires à raconter".Oui ,vous avez raison, et c'est pour cette raison que je suis en train de lire "Casanova", de Gilles Perrault, vraiment que du bonheur!
    Merci pour le passage.
    Amitiés,

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  7. Merci d'avoir réopondu et vraiment désolé si je t'ai importuné! pour le monsieur du commentaire précédent: jaloux? peut être! nevrosé? non! Mais effectivement Sleemane, tu as tout à fait vu juste! pour être honnete, je n'ai jamais pu finir ni Proust ni flaubert ni balzac ni Gide, le livre me tombait toujours des mains au bout de quelques pages! mais j'ai adoré Montaigne, Rousseau , Voltaire, etc! Voilà qui me renseigne encore plus sur moi-même. Merci.

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  8. La petite fille demeurée "qui se fait arnaquer par des pseudos scribouillards illusionnistes de romans à l'eau de rose sur du papier à deux sous", que je suis, n'est forcément pas d'accord. Cependant, ayant pleuré à chaudes larmes à la fin de la lecture des Misérables de Hugo et du Petit Prince de Saint-Exupéry, cela ne m'a pas empêché de lire le premier en deux langues et de faire du deuxième mon livre "spécial coups de blues".
    Je pense qu'on se complait à lire les histoires tristes parce qu'on y projette, quelque part, notre propre tristesse et aussi parce qu'elles nous amènent parfois à relativiser nos propres malheurs. En même temps, les histoires heureuses, quant à elles, nous invitent au rêve et à l'évasion.

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  9. @Mayday: la petite fille que vous êtes ?!!Mais non,voyons!Le problème c'est que je suis ami avec tout les bouquinistes de tunis, et je sais très bien que ce sont les romans à l'eau de rose que les filles consomment le plus. Quand à vous MayDay,il suffit que je lise une seule ligne de ce que vous écrivez pour savoir que vous êtes une lectrice adulte.
    Merci pour le passage.
    Amitiés,
    Sleemane

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  10. Merci Sleemane :)
    Il fut un temps où je consommais beaucoup ces romans là. Et même si ce n'est plus le cas, l'envie d'évasion demeure et prend forme dans mon penchant pour les histoires heureuses :)

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