dimanche 12 décembre 2010

Affaire de mots


Une oeuvre de Mourad Harbaoui, huile sur toile (Tunisie)


Les mots sautillent devant mes yeux comme des petites filles. Réchauffés par le soleil qui traverse les vitres du train de banlieue, ils accentuent leurs mouvements et se mettent à danser. Au rythme de l'acier qui chauffe en chuintant, ils commencent à composer des phrases. C'est la marche triomphante des mots.Seulement, ils ne sont pas là devant mes yeux par enchantement ou par une quelconque magie. Les mots font du racolage et se foutent comme des dieux de l'ordre public. S'ils sont là c'est parce qu'ils désirent fiévreusement être couchés sur quelque papier soit-il celui dans lequel on se soulage le nez. C'est une question de phéromone et d'attirance, enfin un acte d'amour. Les putes et les mots se ressemblent beaucoup à mes yeux. Lorsqu'elles se mettent à draguer, les filles, mettent les plus belles fringues et font appel à leur sourire de jeunes innocentes et sans défense. Les mots, eux, hurlent de beauté à vous rendre sourds. Etant donné que j'ai sous loué l'étage inférieur de mon âme au vice et à ses acolytes, je cède facilement à la beauté et au racolage savamment orchestré. Je mets,donc, le clignotant à droite et m’arrête pour cueillir les mots aux corps divins. La beauté pose souvent des problèmes. Elle a toujours dans ses valises un peu d'arrogance, un peu de la mule têtue et enfin tout l'attirail qui cause des ennuis sur la voie publique. Lorsque les mots se rendent compte qu'ils ont de l'influence sur quelqu'un ce dernier ne jouira jamais plus du silence.C'est une lourde machine qui une fois ébranlée ne cessera de produire du vocabulaire, de la grammaire et de la conjugaison que par la mort. L'usure des pièces ne l’arrêtera point, grincera-t-elle  l'age viendra la graisser ?!



1 commentaire:

  1. Comme ils sont beaux ces mots ! Ils s'écrivent, parlent, respirent, glissent, se faufilent..."Lorsque les mots se rendent compte qu'ils ont de l'influence sur quelqu'un ce dernier ne jouira jamais plus du silence".
    Merci à vous, pour tous ces mots !

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